La Mer Salée « L’envie d’un autre futur » Entretiens
Usbek & Rica se demande dans son dernier numéro, comment être un bon ancêtre.
Rêver le futur, est une des pistes, et pour l’explorer, l’éditrice Sandrine Roudaut a été interviewée.
Le journaliste Cédric Fabre termine son article sur notre maison d’édition :
« L’envie d’un autre futur »
Décrypter un avenir qui serait vivable, viable et utopique, c’est pourtant le pari de la maison d’édition La Mer Salée. Cette dernière qui publiait essentiellement des essais s’est lancée dans la fiction, avec par exemple La Part cachée du monde d’Ève Gabrielle (2021), où l’imaginaire rejoint les modélisations scientifiques les moins pessimistes.
« Ce qui nous intéresse, c’est la prospective, tenter d’imaginer ce qui peut arriver en dévoilant la solution possible d’un autre monde, explique l’éditrice Sandrine Roudaut, également autrice du roman Les Déliés (2020). En SF, on trouvait soit des dystopies un peu survivalistes, soit une société sous haute surveillance… Or la fiction a une possibilité d’avance sur le monde : on a besoin d’imaginaires fertiles et il faut se projeter loin du présent. » D’où l’attachement de l’éditrice à la notion d’utopie :
« On mise sur les scénarios alternatifs qui existent déjà ou qui sont en germe et qui permettent de passer à un autre modèle. Il est vital de montrer dans les romans des hommes et des femmes créatifs et exerçant leur liberté, pas seulement des gens dominés ou des victimes. Les fictions sur l’effondrement, on n’en peut plus… On apprécie les auteurs qui décrivent un monde auquel ils aspirent, mais surtout auquel ils travaillent ! La Part cachée du monde d’Ève Gabrielle, par ex, permet de dépasser sa peur, de se dire que ce monde de demain, on peut y vivre malgré ses défauts. Il faut oser l’envie d’un autre futur en s’affranchissant du présent, car dans un futur trop proche, on voit trop bien tout ce qu’on va perdre. »
Le journaliste remarque que la littérature d’anticipation a du mal à se projeter : « Si la littérature de fiction contribue à définir les contours du réel, scruter ce que sera notre monde futur aide également à mieux comprendre le monde dans lequel on vit. Rendre l’avenir lisible, l’écrire et le décrire, c’est déjà modifier nos représentations du présent. C’est là le meilleur gage de transformation de nos sociétés. Espérons que la prochaine génération d’auteurs saura s’en souvenir. ».
Dans un second article, Elisa Thevenet explore une autre question : sommes-nous équipés pour penser le futur ?
Pour y répondre, elle a réuni la philosophe Avishag Zafrani, le neuropsychologue Francis Eustache, et la perspectiviste et éditrice Sandrine Roudaut. « Retrouver l’esprit des bâtisseurs de cathédrale qui œuvraient tout en en sachant qu’ils ne verraient pas la fin de leur œuvre » c’est l’esprit de notre maison. Publier les graines d’un autre monde, en devenir. Un monde respectueux des êtres et du vivant, un monde audacieux.
« Comment être de bons ancêtres? » (très bonne question) Un numéro à commander sur le site Usbek & Rica
Retrouvez également la critique de « la part cachée du monde » ici.